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Ma première agression en 3 ans à Antananarivo

Hier soir, toutes les conditions étaient réunies pour passer une soirée comme les autres. Ma compagne et moi-même sortions du travail, comme d’habitude, vers 19h. Ce soir-là, nous avions prévu de passer d’abord chez moi à Ankadifotsy prendre quelques affaires, puis d’aller chez elle du coté de Soavinandrina ; en effet, un membre de sa famille, qui habite là-bas aussi, avait besoin qu’on lui apporte quelques trucs et bidules avant d’aller à Antsirabe.

Néanmoins, ça ne s’est pas passé exactement comme prévu.

Comme d’habitude, en sortant de chez moi, nous avons pris le trajet habituel : après Ankadifotsy, direction Antaninandro, puis Rasalama, pour rattraper besarety …. Besarety, un quartier réputé dangereux, mais bon, depuis trois que j’y passe, je n’ai jamais rien eu. Et puis, Après 19h, c’est tout Tananarive qui incite à la vigilance, alors bon, je ne prends ps plus de précautions que je ne le fais d’habitude.

Alors bon, je m’engage sur la petite route pavé de Besarety. Soudain, devant moi, un camion bloque le passage et m’oblige à freiner. Je ralentis, puis m’arrête. Sentant ma compagne commencer à s’inquiéter, je ne panique pas outre mesure : un arrêt en plein Antananarivo, c’est tous les jours, à cause des bouchons.

Nous passons le camion sans encombre, quand quelques mètres plus tard, c’est une voiture qui m’oblige à ralentir à nouveau. Alors, je rétrograde, ralentit, jette un coup d’oeil dans le rétroviseur , puis détourne le regard pour ne pas être ébloui par les phares d’un véhicule derrière moi ….

Quand soudain !

Je regarde par terre, et constate que, près de la moto, une ombre s’approche de manière inquiétante. Je ne sais pas pourquoi, mis c’est stressant. En fait , c’est inhabituellement très proche, et la forme fait penser à celle d’un homme marchant à pied. Très près de la moto. Je me retourne.

Ébloui par les phares de la moto,je ne peux que distinguer la silhouette de l’homme. Et voir son bras se lever vers le sac de ma copine. Je crie. Puis tout est allé très vite. Je regarde devant moi. J’accélère. Je ne sais pas comment c’est derrière moi. J’entends la voix de ma compagne. « Il a tiré mon sac ! Il court! »

A nouveau, une voiture bloque le passage. Je ralentis.

« Accélère, il court ! »

Je me mets à contre sens sur l’autre voie, je double la voiture. Je me faufile, je fonce, loin vers Soavinandrina, entendant derrière moi une voix presque en sanglots. Après 300 M, je ralentis. Le sac est toujours là, et surtout, le plus important, personne n’est blessé.

Comme on dit , plus de peur que de mal . Mais cette petite aventure aura eu le mérite de me remettre les idées en place : les conditions de sécurité à Antananarivo se dégrade. Et de manière accélérée. Nous discutons : d’un bus qui s’est fait braquer, d’un employé de banque portant une caisse de billets qui s’est fait descendre juste devant la banque, d’un politicien qui a fait les frais d’un règlement de compte.

Hier soir encore, j’ai entendu un cri dans la nuit. Évidemment, nous nous sommes tout de suite rendu compte que le cri était un appel à l’aide… Difficile d’aller prêter assistance dans ce cas, car la seule chose que ça peut changer, c’est qu’on se ferait tuer aussi.

Le lendemain, en descendant dans la rue, des gens nous racontent … une jeune femme, ayant pris le risque de marcher seule dans la rue, s’est faite agresser et piquer son sac par un voleur… N’oubliez pas : ne marchez jamais la nuit seul dans une ville de Madagascar, et en particulier Antananarivo !

Parenthèse : Charlie Hebdo

Ce soir, je projetais d’écrire une nouvelle page sur la partie « récits de voyages ». Mais je ne peux pas. Je suis absorbé par les articles sur le carnage qui a eu lieu à Paris aujourd’hui dans les locaux de Charlie Hebdo.

En observant les comportements esclavagistes, la justice populaire,et surtout  le tourisme sexuel auquel se livrent les vieux vazaha,  je pensais avoir vu de mes yeux , ici à Mada, quelques-unes  des facettes les plus noirs de l’homme. Mais il semble que je me sois trompé sur ce point. Finalement, la pire d’entre elle s’est montrée aujourd’hui à Paris.

Bien sûr, cela n’a pas grand chose à voir avec Madagascar. Pourtant, ça n’empêche pas les journaux malgaches d’en parler longuement, eux qui souvent, sont centrés sur l’actualité nationale. C’est dire la gravité de la situation.

Des actes barbares, lâches et dénués de sens comme celui-çi, ne me donne qu’un espoir : celui de voir d’autres dessinateurs et caricatures venir prendre le relais. En espérant que les auteurs de ces actes en comprennent un jour la stupidité.

Rien ne doit venir perturber la liberté d’expression.

En attendant, j’aurai aimé être à paris ce soir.

Départ en vacances ….

Deux ans et demi après ma première visite, , je retourne enfin à mon endroit préféré à Madagascar, toutes régions confondue.  Cette fois-ci, je n’y retourne pas seul, il n’y aura plus de baleines, et il risque d’y faire beaucoup plus chaud. Je pense que ma deuxième excursion sera bien différente de la première. Mais mais mais, je pense que le lieu n’a pas changé et que la magie sera toujours là.

A tantôt, à dans une semaine pour le récit !

Remboursements d’expatriés

Aujourd’hui, j’envoie mes feuilles de soins de tous mes dépenses de santé à la CFE. Car oui contrairement aux assurances santé d’expat classiques, la CFE a ses propres feuilles de soins à faire tamponner et signer par le médecin. Faut le savoir.

C’est une vraie galère, car je n’ai que des factures. J’ai du reprendre l’historique et re-remplir les  feuilles de soins, alors oubliez pas si vous êtes inscrits à cette caisse, il faut avoir des feuilles de soins imprimés d’avance pour les présenter au praticien si vous êtes malade. Sinon, ca va être la crois et la bannière pour avoir un remboursement !

Un Noël sans (em)bûches

Cela va faire maintenant trois ans que je suis arrivé à Madagascar, depuis février 2012. Depuis cette date, deux Noël se sont écoulés, et pourtant ça n’est qu’aujourd’hui que je découvre réellement comment se passe Noël ici. En 2012, je ne connaissais encore que le petit groupe de VIE jet-setters (promis, je ferai un article à ce sujet un jour), et , en bon VIE isolé de la vie malgache que j’étais, j’ai passé un réveillon de Noël très franco-français entre français. En 2013, c’est simple, j’étais en France. En 2014, c’est la bonne.

Déjà, qu’est ce que j’ai fait ? Simplement, nous sommes allés au Colbert pour faire un repas de Noël en amoureux, parce que d’une part j’avais jamais mangé là bas, et d’autre part leur menu de Noël avait l’air … appétissant. Bref, sur la route, ce fut l’occasion de voir à quoi s’affairait la population malgache un 24 décembre. Quel choc.

Pour la catégorie de population la plus démunie, rien ne change. Le 24-25 décembre sont deux jours comme les autres, ou chacun est occupé à son activité de survie : vente à la sauvette dans les rues, préparation de masikitas, mendicité … La ville est toujours aussi sale, les gens courent toujours autant dans tous les sens, et les décorations de Noël sont minimalistes : simplement, quelques guirlandes aux couleurs du pays autour du lac Anosy… En somme, un jour comme les autres. Personne ne semble pré-occupé par le repas de réveillon et les cadeaux à poser au pied du sapin. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir les décorations ostentatoires des Champs-Elysées.

La population de classe « moyenne », si j’ose dire, est la plus représentative de la manière dont Noël est vécu à Madagascar. On observe dans les rues le même cérémonial que le dimanche : les gens se mettent sur leur 31 , et vont à l’Eglise ou s’y déroule la messe de Noël , et une représentation de crèche avec des enfants. Les gens ne font pas de repas. Ici, Noël a conservé un coté traditionnel : on ne s’empiffre pas de dinde aux marrons en attendant le père Noël de Coca-cola sans même penser au divin enfant, mais on assiste à la messe, comme le ferait un véritable chrétien.

Le 25 est un jour tout aussi conservateur : les gens se rendent à l’Eglise, et font un repas simple en famille : riz et volaille , qui aura été offerte en cadeau par l’employeur.

Noêl à Madagascar revêt enfin un dernier aspect : l’insécurité. La foule présente en pleine nuit dans les rues en se rendant dans les églises sont des proies faciles. Et les voleurs au coin des rues ne se font pas prier pour les détrousser.

Enfin, moi personnellement , je ne suis pas trop messe de Noël. Je ne suis même pas chrétien d’ailleurs. Notre petit restaurant a été un fort bon moment, même si une fois encore, je me dis que je ne dois vraiment pas être fait pour la cuisine gastronomique.

Les fokontany, rois des faux-cul

Difficile de nos jours de ne pas être régulièrement confronté aux latences de l’administration. Vous qui en France, vous plaignez sûrement de la queue à la mairie ou du nombre de paperasses à fournir pour obtenir la paperasse désirée, j’ai envie de dire : petits joueurs.

J’avais déjà parlé dans un précédent article de mes galères pour faire un visa. Dans la même veine, tout a commencé cette fois-ci par un renouvellement de visa, ou l’une des pièces du dossier est normalement un des plus simples à obtenir pour tout malgache (je précise, pour tout malgache) : un certificat de résidence de la mairie de quartier, le si bien nommé « fokontany » (prononcer « fouktane »).

Normalement, tout résident doit être inscrit au fokontany, et avoir un petit carnet : c’est la pièce qui justifie votre inscription, et qui  contient l’historique des cotisations  payées  : il s’agit de sommes FIXES et CONNUES D’AVANCE, voire AFFICHEES  (si ces messieurs du fokontany me lisent) que chacun doit payer tous les ans . Bon je vous passe les détails sur les réunions, mais ça sera peut -être l’objet d’un autre poste plus tard :D.

Enfin bref, toujours est-il que dans mon cas, le fokontany n’a jamais voulu me fournir de carnet. Allez savoir pourquoi , mais mon seul papier, c’est une lettre de la voisine du dessous, qui atteste que je vis dans le même immeuble qu’elle. Oui je sais, on est déjà dans le domaine de la débilité profonde. Du coup , obtenir un certificat de résidence est toujours un calvaire. Ben oui,  j ‘ai pas de carnet et j’ai juste une lettre à la con. Alors, « comment on fait monsieur, on va trouver une solution »  comme dirait l’autre ?

Du coup, je demande à ma femme de ménage d’aller au fokontany avec 25 000 Ar de ma part pour acheter les papiers. Elle arrive à les obtenir, leur laisse tout le fric, mais le fokontany lui demande que je revienne plus tard pour payer le soi-disant reste de la cotisation annuelle.

Comme je l’ai déjà dit, normalement dans un fokontany, les prix des certificats et des cotisations annuelles sont affichés pour que ce soit clair. Mais dans celui-ci,  il n’y a rien. Ce qui fait que la somme que je paie à chaque fois que je vais les voir est aléatoire. Pour un malgache, la cotisation annuelle est de 600 Ar en moyenne. Et le certificat, entre 500 et 1000 Ar. Bon, ok comme partout, il est courant que les fokontany appliquent des tarifs plus élevés aux étrangers,  du genre 5000 Ar la cotisation et 2000 pour le certificat. MAIS c’est affiché. Avec 25 000, j’avais prévu large.

Et ben là , devinez combien c’était pour moi ? Surpriiiiiiiise . 50 000 Ar de cotisation annuelle, alors que j’ai pas de carnet. Comment ça, c’est presque cent fois la somme payée par un malgache ?
En fait, je soupçonne le fokontany de ne pas me fournir de carnet, afin d’avoir un argument pour demander des bakchichs à chaque fois. Malin non ? 50 000. C’est même plus discutable que le montant est pas honnête et qu’ils ont essayé de profiter de la situation pour gratter du fric la veille de Noël.

Moi,  je n’encourage pas la corruption et le racket, alors forcément je paye pas les 50 000, et forcément ils me convoquent pour exiger le fric. Passons sur la question Qui sont-ils pour penser qu’ils peuvent convoquer ?  (Un patron peut convoquer, la police peut  convoquer, un agent assermenté  peut convoquer, mais le p’tit cheftain fokontany, il est qui lui ?)  J’ai un taf et je suis pas à sa disposition pour venir remplir ses poches quand ça lui chante . Bref  , abordons la vraie question. Comment ont ils justifié leur énorme montant de cotisation ?

Et bien, simplement , en disant que « c’est le prix monsieur. Oui oui, c’est le prix, tous les étrangers payent ça depuis toujours. C’est le prix ». Ah bon . C’est tout ?

Il  est où l’affichage de ce prix ? En a pas.

Il est ou le document officiel qui fixent les tarifs de ce fokontany ? En a pas.

Il sont où les historiques de paiements, les reçus, que tous les autres étrangers ont signés puisqu’ils payent 50 000 Ar par an chacun depuis des années ?

Ah ben y’en a pas non plus. Pourtant il les a usés,  ses petits bras,  à les chercher. Il a retourné tous ses classeurs,  le pauvre. C’était pas la peine de faire toute cette comédie, on sait que c’est du flan.

La vérité, c’est que ces étrangers ont peut-être payés 50 000 voir plus  . A la seule différence que , ces sommes n’ont jamais été enregistrés sur le moindre reçu. Parce qu’elles ne sont pas régulières. Elles ne sont que le fruit d’un racket, et le fric a probablement été bouffé. Argent facile, vous dites ?

Galères de visas …

Ca y est , j’ai signé mon contrat de travail en CDI avec ma société, pour une durée indeterminée. A moi l’aventure …

Autant venir pour le tourisme est TRES facile (le visa est fourni à l’aéroport de tananarive), obtenir un visa travailleur pour Madagascar est tout sauf simple.  Si vous voyez les douze travaux d’Asterix …

Première étape. Il faut réunir de nombreux papiers afin de déposer un simple dossier à L’EDBM : contrat de travail, certificat d’existence de l’entreprise, attestation de travail du salarié, fiche de renseignements sur le salarié, certificat de résidence officiel fourni par le fokontany avec une photo tamponnée, plus toutes les photocopies de tous les documents d’identité possibles : passeport, anciens visas, etc. Mais ce n’est que le début des galères, car cette procédure ne fournit en résultat qu’une simple attestation de demande d’autorisation de travail. Ouch ! On est encore loin.

Armé de ce précieux document, il faut que je me rue  à l’assaut de l’ambassade de Madagascar à Paris, afin de déposer un dossier pour un visa transformable. Parmi les pièces réclamées : une partie de celles déjà réclamées ci-dessus, plus une attestation de logement, un casier judiciaire vide, et un billet d’avion aller retour. Le visa s’obtient en une semaine . C’est fini me dirait vous ? Que nenni , gniark! Ce visa ne dure qu’un mois.

De retour à Madagascar, il faut à nouveau se rendre à l’EDBM. Armé de mon via provisoire, des pièces déjà cités ci dessus, plus une bonne dizaine d’autres… MAIS , car il faut toujours un mais, il faut avant passer à la préfecture , afin de demander …. je ne sais plus quoi. Une énième paperasse, certifiée conforme, n’est ce pas.

Et ensuite, après toutes ces péripéties, il n’y a plus que trois ou quatre mois à attendre sa carte de résident. Mais ça valait le coup.

Pourquoi tant d’étapes pour obtenir un visa? Certains disent que c’est une réponse du gouvernement malgache au gouvernement Français, qui lui aussi , est très peu enclin à accorder le droit d’entrée aux Malagasy sur le territoire Européen. Même pour un petit séjour de tourisme, c’est tout une histoire. See next épisode …

Ps : pour ceux qui souhaitent connaitre la procédure exacte :

http://www.consulatmadagascar.fr/formalites/formalites-d-entree/visa-immigrant http://www.consulat-madagascargrandouest.fr/index.php/longsejour  http://www.consulatgeneraldemadagascarsaintetienne.com/m-18-visas.html

Petit coup de gueule

Il y a quelque temps, mon amie eut le désir d’acheter un smartphone. Après avoir commencé à chercher sur Internet et contacté divers magasins, elle échangea avec l’un des fournisseurs, qui  lui conseilla de ne pas acheter  à Madagascar. Selon lui, les contrefaçons chinoises y sont nombreuses.

Plus tard, elle apprit qu’une connaissance à elle allait revenir à Madagascar, après avoir passé plusieurs années en Ouganda. Saisissant l’occasion, elle demanda à la personne si elle pouvait lui ramener un téléphone acheté sur place. La personne se rendit alors dans un magasin spécialisé de Kampala, et obtint un téléphone vendu au pris d’un neuf dans un emballage scellé, qui n’avait rien de suspect au premier coup d’oeil. Arrivé à Madagascar, il transmit le colis à mon amie.

Des la réception du colis, en ouvrant la boite, que ne fut notre surprise en constatant que le boîtier, qui affichait un appareil blanc, contenait en fait un appareil gris métallisé. Mais ça ne s’arrêta  pas là. En utilisant le téléphone, qui était censé être neuf, nous trouvâmes des traces d’appels téléphoniques et d’échanges par SMS, dont certains dataient de plus de deux ans. Et pour terminer, la cerise sur le gateau : la plupart  des menus étaient en chinois.  

Décidés à comprendre ce qui s’était passé, nous continuâmes à chercher des informations sur la provenance de ce téléphone. Etait-ce une erreur de la personne qui l’avait amené, ou bien avait il été échangé par le magasin lui –même ? Nous avons donc commencé par regarder les numéros de série du téléphone, de la boite et de la facture : celui du téléphone était identique à celui de la facture, mais différent de l’emballage.  Il est donc clair que le magasin ougandais avait enlevé le téléphone neuf, pour mettre dans l’emballage une copie chinoise usagée. Dans le but de le vendre en le faisant passer pour un original neuf.

Les personnes qui s’autorisent ce genre de pratique, sont là un bon exemple des personnes qui ne sont pas conscient des conséquences de leurs actes l’économie africaine. Seuls, ils ne sont bien sur pas responsables de la situation. Mais ces tous ces actes bouts à bouts contribuent fortement à ne pas améliorer les choses. Ces gens comprennent–ils que ce sont tous les vendeurs qui sont décrédibilisés ? Un éventuel client préférera se tourner alors vers l’import plutôt que de prendre le risque d’acheter un appareil faux.